Kunta poursuit son aventure sonore pour dévoiler Diligent Drawing, un premier album fusionnant à merveille l’âge d’or du hip-hop des 90’s, le rock psychédélique et les mélodies lancinantes du Swinging Addis.
Après deux EP mêlant rap et éthio-jazz, ce groupe amoureux du son vintage a voulu donner suite à leur histoire. Le sextet s’est enfermé durant la période de confinement dans le fameux studio La Ciergerie pour réaliser ce nouveau disque au son chaud et puissant de l’ère analogique.
Au cours des 11 titres de l’album, les différentes influences de chaque musiciens s’imbriquent pour créer une couleur musicale inédite, ne pouvant être casée de force sous une étiquette. Une rébellion à l’image du nom du groupe en référence au héros Kunta Kinte. Un esprit anti-conformiste incarné par les différents genres musicaux qui se marient dans cet album : le rock, le jazz, le hip-hop, l’éthio-jazz, ces styles qui ont défié la norme et l’autorité dans leurs époques, qui ont également fortement marqué les membres de la formation.
Kunta mêle habilement la force d’un combo rock avec les textes percutants du hip-hop, et les marie aux mélodies mystiques d’Addis-Abeba avec les pulsations ternaires des rythmes d’Afrique de l’ouest.
Diligent Drawing est un voyage où Tame Impala pourrait côtoyer Rakim et Public Enemy sur des tournes afrobeat et rock.
C’est aussi une aventure humaine et d’amitié où le groupe invite des compagnons de route. Il suffit d’écouter les chœurs de Rebecca Roger Cruz et Margaux Delatour – chanteuses du groupe Parranda La Cruz – sur le très onirique Karma qui évoque le quotidien d’un SDF aujourd’hui. Ou se plonger dans la personnalité de Pocahontas (Pocha) à travers la voie de Lucie Florentin sur un coupé-décalé nappé de synthés envoûtants.
À l’image des trois versions de Ride Home, Kunta nous invite dans leur monde où les frontières n’existent pas, une balade entre les genres avec une musicalité énergique et pointue. Les cuivres sont lancinants et explosifs, les claviers habités, les cocottes de guitares subtiles et rythmées, la basse est lourde et le flow de leur rappeur Yovan est incisif et savamment ficelé. Le MC rend hommage à la grande période du rap des années 1990 sur Anything Goes et Diligent Drawing, titre éponyme de l’album qui incarne cette combinaison minutieuse de sonorités. Ces dessins, si on traduit le titre, expriment cet optimisme innocent face au monde qui nous entoure, cet esprit enfantin mais malin.
Une façon de voir plus loin, vers un nouvel Horizon, ce titre soul chanté par Jennifer Zenou, lead du groupe Da Break. les musiciens de Kunta livrent et transmettent leurs expériences de vies au sein de ce disque en y apportant des messages positifs (Bewitched). Une sincérité et une ouverture nécessaire dans ce monde en pleine mutation qui n’est pas sans rappeler l’œuvre d’Orwell 1984, que porte le très éthiopique titre qui clôture l’album.